Des foyers au Christ...
Une enfance sans repères
Je suis né dans un environnement où la violence était la règle. Dès mon plus jeune âge, le foyer ne fut jamais un lieu de réconfort, mais plutôt un espace où la colère et l’hostilité dominaient. Les interventions régulières de la DDASS témoignaient d’une situation trop instable pour offrir sécurité ou chaleur humaine. Dans ce chaos, l’amour semblait un luxe inaccessible et l’espoir, une notion trop lointaine pour être appréhendée.
À l’aube de l’adolescence, l’absence de repères clairs et la douleur persistante de mon enfance me poussèrent vers la rébellion. L’école, loin de m’inspirer, se transforma en un simple décor pour mes errances. Plutôt que de m’investir dans les cours, je préférais traîner avec une bande de potes, tous en quête d’un sentiment d’appartenance qui manquait cruellement à notre quotidien. Ensemble, nous nous sommes engagés dans des actes de vol et de délinquance, cherchant dans ces frasques l’excitation d’une liberté que rien ne semblait pouvoir nous offrir. À cette époque, la foi n’avait aucune place en moi : je ne croyais ni en Dieu ni en aucune autre autorité.
Au seuil du lycée, alors que beaucoup voyaient en cette nouvelle étape l’opportunité d’un renouveau, je continuais de suivre ma propre voie. Rien ne semblait pouvoir me détourner de mon comportement : les cours étaient toujours négligés au profit des après-midis passés à errer avec mes amis. Ce passage marquait la fin d’une phase de pure délinquance et d’indifférence totale face aux valeurs traditionnelles, un tournant où la vie semblait encore écrite dans la continuité de mes actes de rébellion.
Ce premier chapitre de mon existence, fait de violences, d’errances et de défis constants, s’est arrêté à l’entrée du lycée – un point de bascule qui annonçait, sans que je le sache, l’émergence d’un destin radicalement différent.
Pendant mes années de lycée, la dérive ne fit que s'approfondir. Je séchais les cours à répétition, préférant passer mes journées à errer avec mes amis plutôt que de m'investir dans un système scolaire qui ne me parlait pas. L'échec scolaire devint une évidence, chaque bulletin révélant l'ampleur de mon désintérêt et la précarité de mon avenir.
Les après-midis se transformaient en longues soirées d'alcool, où je cherchais à oublier l'absence de repères et la douleur d'un passé trop lourd à porter. Les rencontres avec les filles se succédaient, souvent éphémères, chacune apportant son lot de passions intenses mais aussi de désillusions. Ce mode de vie anarchique, nourri par la rébellion et l'adrénaline de l'instant, marquait une période où je fuyais à tout prix les contraintes d'une réalité que je refusais d'affronter, m'enfonçant davantage dans une spirale de débauche et de désespoir.

Premiers pas professionnels – Entre cinéma, débauche et voyages
Pendant près d’une décennie, j’ai évolué dans l’intimité feutrée d’un cinéma, un monde où chaque soir se jouait en coulisses une pièce silencieuse et mécanique. En tant que technicien, j’étais responsable du bon fonctionnement des projecteurs et de la manutention des bobines, véritable cœur battant de ce temple de l’image. Chaque jour, je m’attelais à la tâche avec une minutie presque rituelle : vérifier la tension des pellicules, ajuster les réglages des machines, réparer les petites défaillances qui pouvaient transformer une séance en cauchemar. Ce travail, à la fois technique et passionnant, m’enseignait la rigueur et le respect du temps mesuré en images et en lumière.
Les longues heures passées dans l’ombre des salles obscures m’ont permis de développer une sensibilité particulière pour les détails, une fascination pour la précision et le contrôle. Le cliquetis des machines, le chuintement des bobines se déroulant, la danse synchronisée des projecteurs et des films : tout cela constituait pour moi une sorte de symphonie discrète, un univers parallèle où la technique se mêlait à l’art de raconter des histoires. Durant ces dix années, j’ai appris à aimer cet environnement, à y puiser la force et la stabilité dont j’avais tant besoin pour oublier, un temps, les tumultes de mon passé.
Puis, en 2016, un tournant inattendu est venu bouleverser mon existence. Alors que je ne me revendiquais d’aucune croyance – Dieu n’avait jamais trouvé sa place dans ma vie – une étrange fascination pour l’inconnu s’est emparée de moi. La voyance, cet art mystérieux et souvent controversé, s’est imposée comme une échappatoire aux certitudes mécaniques du quotidien. D’abord, ce fut un simple amusement, une expérimentation destinée à défier la logique et à explorer des territoires où le rationnel cède la place à l’imprévisible.
Je me lançais dans cette nouvelle aventure sans foi ni loi spirituelle, simplement poussé par l’envie de ressentir quelque chose d’extraordinaire. Mes premières consultations étaient pour le moins singulières : face à des clients en quête de réponses, je me contentais de leur raconter de véritables conneries, des récits invraisemblables ponctués d’humour noir et d’ironie. Loin de prétendre à une quelconque sagesse mystique, je profitais de chaque rencontre pour jouer le rôle du voyant décalé, celui qui, sans artifice ni conviction, offrait un divertissement teinté de faux mysticisme.
L'Appel Implacable et le Chemin de la Transformation
En 2017, dans une journée qui semblait tout à fait ordinaire, un événement inattendu est venu perturber le cours de ma vie. J'étais en pleine errance, noyé dans mes certitudes de rebelle et persuadé que les discours sur le divin n'étaient que des conneries pour les naïfs. Rien en moi ne témoignait d'une recherche de sens spirituel, et pourtant, sans crier gare, l'appel du Christ s'est imposé à moi avec une force irrésistible.
Au début, j'ai tout nié. Comment pouvais-je, après des années de débauche et d'insouciance, être la cible d'une destinée qui relevait du surnaturel ? Je rejetais ce qu'on m'annonçait en le traitant de fantasme, une lubie sans fondement destinée à embrouiller des esprits déjà trop malmenés par la vie. À mes yeux, c'était du pipeau, un récit improbable qui n'avait aucune résonance avec la réalité brute que j'avais toujours connue. Je me rebellais contre cette idée, estimant que j'y connaissais que dalle en matière de spiritualité, et que les histoires de miracles et de salut n'étaient que des contes pour endormir les esprits fatigués.
Mais cet appel ne cessait de se manifester. Peu importe combien je tentais de m'en défaire, cette force s'invitait dans mes pensées, dans mes rêves, et même au détour de moments anodins. Comme un écho persistant, il s'imposait jour après jour, me rappelant que, malgré mes refus, quelque chose de bien plus grand et mystérieux était en train de frapper à ma porte. La présence de Jésus, bien que lointaine et inconnue jusqu'alors, se faisait sentir avec insistance, comme si l'univers lui-même refusait que je continue sur la voie destructrice que j'avais longtemps empruntée.
Les premiers mois qui suivirent furent marqués par un intense conflit intérieur. D'un côté, je continuais de m'accrocher à mon mode de vie, convaincu que l'appel n'était qu'une coïncidence sans importance. De l'autre, cette voix intérieure se faisait de plus en plus pressante, perturbant mes habitudes, mes réflexions, et même mes rêves. Jour après jour, mon esprit était envahi par cette force implacable. Chaque instant semblait conspirer pour me rappeler qu'une destinée inattendue m'attendait, et que refuser cet appel devenait de plus en plus difficile, presque impossible.
C'est alors que, dans cette période de tourment et de doute, j'ai rencontré un homme qui allait bouleverser le cours de mon existence : mon père spirituel. Ce mentor ecclésiastique, doté d'une sagesse et d'une sérénité qui contrastaient avec le tumulte de ma vie, m'a ouvert les portes d'un monde jusque-là inconnu pour moi. Il m'a parlé avec passion des missions d'apostolat, de l'importance d'être le témoin d'une foi qui, bien que mystérieuse et insondable, porte en elle la promesse d'un renouveau. Par ses paroles, il m'a montré que l'appel du Christ n'était pas un simple caprice, mais bien une invitation à vivre autrement, à trouver un sens à mes errances passées.
Son approche, à la fois bienveillante et ferme, m'a poussé à reconsidérer mes certitudes. Il m'a expliqué comment, malgré mon manque total de connaissances spirituelles, je pouvais devenir un apôtre moderne – un missionnaire, porteur de la parole du Christ – en me laissant guider par cette force inexplicable qui me poursuivait. Il me montrait que la foi ne se mesurait pas à la quantité de lectures bibliques ou de connaissances théologiques, mais à la capacité de se laisser transformer par une énergie supérieure, un appel qui transcende le doute et l'incrédulité.
Pendant des mois, j'ai lutté contre mes réticences, mes doutes, et surtout contre l'idée que tout cela n'était que des conneries pour endormir les esprits. Mais l'appel se faisait chaque jour plus insistant, me poussant à franchir petit à petit le pas de la foi. Mon père spirituel m'accompagnait dans cette transition délicate, m'expliquant les fondements des missions apostoliques et me guidant pour comprendre que mon parcours, aussi chaotique fût-il, pouvait se métamorphoser en une force positive pour le monde.
Finalement, j'ai accepté de laisser derrière moi ma vie d'errance et de débauche. J'ai pris le risque de déposer mes armes, de renoncer à l'excès pour embrasser une voie de lumière, même si je ne maîtrisais encore rien des arcanes de la foi. J'ai embrassé ce destin qui me semblait à la fois terrifiant et exaltant, me lançant dans une aventure humaine et spirituelle sans précédent. J'ai choisi de devenir un missionnaire chrétien, un apôtre moderne dont la mission était de transmettre, avec humilité et sincérité, la parole du Christ à ceux qui, comme moi, semblaient perdus dans l'obscurité.
Ce virage radical, initié par l'appel implacable d'une force divine et conforté par les enseignements d'un père spirituel, a marqué le début de ma métamorphose. Ce chemin, semé d'embûches et de remises en question, m'a permis de découvrir que, parfois, il faut savoir renoncer aux certitudes d'un passé pour laisser place à une transformation qui dépasse l'entendement.
Aujourd'hui, même si mes débuts dans la foi sont encore empreints d'imperfection et de doutes, je me tiens fier de mon engagement. Mon histoire est la preuve vivante que l'appel du Christ, même lorsqu'il est perçu comme des conneries par un esprit endurci, peut devenir la clé d'une renaissance spirituelle, ouvrant la porte à un destin qui se veut lumineux et porteur d'espoir pour le monde entier.